- J'en
ai pourtant rencontré dans de petits villages perdus en Inde.
Des filles qui voyageaient seules ou à deux et qui épousaient
l'aventure.
- Oui, c'est possible, mais je vis dans un milieu où de tels
voyages sont tout simplement impensables, dit-elle.
- Pourquoi ?
- Mes parents sont "vieux jeu". Ils ont peur "qu'il ne
m'arrive quelque chose", comme on dit.
- Vous voyagez cependant, puisque vous êtes dans ce train et que
vous partez pour Nairobi.
- Oui, mais c'est un voyage organisé, c'est différent.
C'est la première fois que mes parents me laissent partir seule.
Je suis jeune, j'ai encore toute la vie devant moi, dit-elle comme pour
s'excuser.
- Je crois qu'il n'est jamais trop tôt pour voyager. Ni trop tard
d'ailleurs. Pour moi, chaque année qui passe sans partir en voyage
est comme une année sans soleil. Le voyage est une fenêtre
que je veux garder ouverte sur le monde. Une fenêtre par laquelle
je m'échappe une fois par an.
- A vous entendre, dit-elle, on penserait que les voyages sont le seul
but de votre existence ?
- Non, mais ils sont un moyen privilégié de m'épanouir,
de vivre, d'espérer. En dehors d'eux, j'assume les responsabilités
de la vie quotidienne.
- Est-ce indiscret de vous demander ce que vous faites ?
- Non, certainement pas. Je travaille dans une entreprise de grande
distribution. Je m'occupe des prévisions commerciale et des budgets
d'achats.
- C'est très sérieux tout ça. C'est intéressant
?
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