-
Non, de Berlin-Ouest. Berlin-Ouest est la plus belle ville du monde,
me dit-il, d'un ton enthousiaste. On a de très beaux musées.
On y est libre. La liberté y a un tout autre prix qu'ailleurs.
- Vraiment ! dis-je, d'un air très interrogateur.
- Vous ne semblez pas me croire. Je vous expliquerai cela une autre
fois. Si je vous faisais un exposé sur Berlin dans cette position,
je risquerais un torticolis !
Il avait
des cheveux noirs, en désordre, et un visage aux traits acérés,
qui le rendaient très viril.
- Il n'est
pas mal, me dit Isabelle de sa voix douce, en se penchant vers moi.
En effet,
il était très mince, semblait grand et bien fait. Son
pull rouge, sans manches, contrastait avec sa chemise chamarée
ornée de grandes fleurs jaunes.
- Ces jeunes
quand même, dis-je.
- Mais, Michel, ne l'es-tu plus ?
- J'ai basculé de l'autre côté de la barrière.
Je suis rangé. Je suis entré dans le monde étriqué
des affaires. Je sais, un mois d'avance, qui je vais rencontrer et à
quelle heure. Mon téléphone sonne sans arrêt. Je
l'ai d'ailleurs placé dans un des tiroirs de mon bureau.
|