Par Christian de Bray
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(Chapitre III)


Je réfléchissais. Ce qu'elle disait était vrai, mais je ne pouvais l'accepter comme tel. C'est, je crois, une question de caractère. Il y a des êtres qu'un rien rend heureux. D'autres sont dans un état permanent de quête et cette quête fait souffrir. Je suis de ceux-là. Et je ne veux pas changer. Je me souviens qu'au cours de ma jeunesse, je ne me suis jamais senti satisfait. J'ai été tendu vers des buts qui, une fois atteints, m'ont toujours déçus.

Isabelle finissait la bière qu'on lui avait apportée. Je sirotais mon whisky en regardant l'étendue bleue qui s'étalait sous nos ailes. Nous allions arriver d'un moment à l'autre en vue de la côte africaine. Puis, ce serait la brève escale de Benghazi. Il ferait probablement très chaud en cette fin d'après-midi.

Je savais que les souvenirs d'enfance sont souvent merveilleux. Nous les conduisons par la main partout où nous allons. Nous les façonnons à notre guise et au gré de nos inspirations.

Quand nous sommes confrontés à ces souvenirs, il nous est souvent difficile d'accepter la différence entre le fruit de notre imagination et la réalité.

J'allais poser le pied sur ce continent africain que je n'avais plus revu depuis ma tendre jeunesse.

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