Par Christian de Bray

 

Voyager, c'est se déployer dans l'espace et dans le temps. C'est tresser, brin par brin, au hasard des rencontres, des liens entre les hommes. C'est s'enchaîner à des fils imaginaires qui continuent à nous agiter alors que, déjà, nous sommes retournés au quotidien.

Le manège fait ses tours, nous enchante, puis nous ramène où nous sommes partis. Et quand le silence revient, nous nous apercevons avec inquiétude que nous avons changé. Après n'est plus comme avant. Nous jetons des ponts sur l'horizon qui, sitôt franchis, ne nous permettent plus de revenir en arrière, en nous-mêmes, et de nous retrouver tels que nous étions.

Si je te quitte, Isabelle, je veux que tu continues à vivre comme si je n'avais jamais existé. Aucune ombre ne peut venir ternir ton sourire. Aucune ride, se poser sur ton visage. Et, qu'à ceux qui te diront : "Mon Dieu, comme c'est triste, tu l'aimais tellement", tu répondes : "Je n'ai que faire de votre pitié, gardez-la pour vous".

Derrière le navire, le sillage s'efface, la cicatrice écumeuse s'évanouit, l'eau retrouve sa couleur, les vagues, leur ampleur.

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