Par Christian de Bray
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(Chapitre III)


Cela ne sert à rien, Michel, de te tourmenter pour les Indiens qui meurent, tu n'y peux rien. Cela a toujours existé et existera toujours.
- Je sais, dis-je, mais je suis comme cela; qu'y puis-je ?
- Tu ne devrais plus voyager. Tu devrais te reposer sur les plages ensoleillées de la Méditerranée. Les voyages entretiennent en toi des drames. Regarde. Moi, je vais au Kenya, mais je ne veux y voir que des choses souriantes et gaies. J'y vais pour observer les animaux, admirer les parcs. Cela ne me viendrait jamais à l'esprit d'aller visiter les taudis de Nairobi ou les régions sous-alimentées de la Tanzanie. A quoi cela servirait-il ?
- Je ne peux pas aller dans un pays, Isabelle, et en ignorer certains aspects. J'essaie de voir les contrées que je visite sous leurs différentes facettes.

L'hôtesse nous apporta notre repas sur un plateau signé de la Pan International. Le menu était composé d'un assortiment de quatre viandes froides, de quelques biscuits et d'un peu de fromage. A ma deuxième tranche de saucisson, je cassai ma fourchette et rattrapai, au vol, ma tasse encore vide.

- Tu as trop de force, me dit Isabelle en riant, le régime t'affaiblira. Heureusement que le café n'était pas servi. J'aurais été très fâchée, tu sais, me dit-elle, en se moquant.

Le repas terminé, l'hôtesse nous apporta du café. Isabelle alluma une cigarette et je fis de même. Le bruit des réacteurs était régulier, très doux.

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