Cela ne sert à rien, Michel, de te tourmenter pour les Indiens
qui meurent, tu n'y peux rien. Cela a toujours existé et existera
toujours.
- Je sais, dis-je, mais je suis comme cela; qu'y puis-je ?
- Tu ne devrais plus voyager. Tu devrais te reposer sur les plages ensoleillées
de la Méditerranée. Les voyages entretiennent en toi des
drames. Regarde. Moi, je vais au Kenya, mais je ne veux y voir que des
choses souriantes et gaies. J'y vais pour observer les animaux, admirer
les parcs. Cela ne me viendrait jamais à l'esprit d'aller visiter
les taudis de Nairobi ou les régions sous-alimentées de
la Tanzanie. A quoi cela servirait-il ?
- Je ne peux pas aller dans un pays, Isabelle, et en ignorer certains
aspects. J'essaie de voir les contrées que je visite sous leurs
différentes facettes.
L'hôtesse
nous apporta notre repas sur un plateau signé de la Pan International.
Le menu était composé d'un assortiment de quatre viandes
froides, de quelques biscuits et d'un peu de fromage. A ma deuxième
tranche de saucisson, je cassai ma fourchette et rattrapai, au vol,
ma tasse encore vide.
- Tu as
trop de force, me dit Isabelle en riant, le régime t'affaiblira.
Heureusement que le café n'était pas servi. J'aurais été
très fâchée, tu sais, me dit-elle, en se moquant.
Le repas
terminé, l'hôtesse nous apporta du café. Isabelle
alluma une cigarette et je fis de même. Le bruit des réacteurs
était régulier, très doux.
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