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          Ils lisent 
          les faits divers quotidiennement, recherchent dans les journaux du 1er 
          avril la farce qui doit nécessairement s'y trouver, résolvent 
          des rébus. Ce sont des gens qui ne regardent la télévision 
          que pour se "divertir", qui ne lisent pas de livres parce 
          que "c'est trop fatigant". 
          - L'univers ne leur appartient pas, Michel. Pourquoi te dérangent-ils 
          ? Laisse-les faire ce qu'ils veulent, après tout. 
          - Oui, Isabelle, mais nous sommes jugés continuellement par des 
          gens comme cela. 
          - Qu'importe, me répondit-elle en haussant les épaules. 
          Ce ne sont pas les bourgeois qui doivent t'empêcher de te laisser 
          pousser cheveux et barbe. Tu es libre, et cette liberté doit 
          te servir à épouser la vie. La vie est simple. 
          Le bonheur est fait de petites choses prises dans les instants qui passent. 
          Il est fait du bruit d'une vague et du chant d'un oiseau qui se mêlent, 
          d'une rencontre fortuite sur une plage déserte. Il est fait d'une 
          lumière et d'une ombre. Il est fait de ces éléments 
          que l'on juxtapose. J'aime le sang qui coule dans mes veines. J'aime 
          mes désirs et mes plaisirs. J'aime l'enfance quand elle est encore 
          tendre. J'aime tout ce qui passe et que je peux sentir, goûter, 
          appréhender... 
          - Je te croyais très réservée et très classique, 
          Isabelle ! 
          - Oui, dit-elle, en apparence. Mais au fond de moi il n'y a que noeuds 
          qui se font et se défont. Je me pose aussi des questions, mais 
          je ne veux pas, comme toi, me laisser submerger par le doute. Je ne 
          pense à des choses sérieuses que de temps en temps, puis 
          j'oublie, en aimant la vie . La richesse s'est toujours servie de la 
          pauvreté. Les classes dirigeantes ont toujours exploité 
          leurs sujets. 
           
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