Par Christian de Bray
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(Chapitre IV)


Pour la première fois, je pensai vraiment que j'étais en vacances. Plus de téléphone, de télex, de téléfax. Fini, les travaux urgents. Parti sans laisser d'adresse, j'étais certain que je ne serais pas rappelé à Bruxelles, comme cela arrivait parfois à mes collègues. "de Montlerry part chez les Massaïs" : pas mal de gens avaient souri.

Quand je parlais de mes voyages à mes collègues, je leur disais parfois : si vous voulez, vous pouvez venir avec moi l'année prochaine...

Ils me répondaient alors des "bien sûr", des "oui, oui" ou des "on en reparlera plus tard, le moment n'est pas encore venu". Je ne pensais jamais un seul instant qu'on en reparlerait plus tard. Et eux pensaient à leurs hôtels, à leurs voyages organisés.

Oui, évidemment, c'est intéressant les voyages. Mais le Midi est bien plus reposant. On peut se mettre à l'aise, enlever ce qui cache trop ce corps, ôter ses lunettes solaires et cligner des yeux, ô délice ! afin d'avoir un visage sans marque. Les vacances seront jugées, vous serez jugés, en fonction du hâle dont vous serez affublé.

Des lambeaux de brume claire traversaient le ciel. Nous volions de plus en plus bas. Nairobi était annoncé. Les passagers rangeaient leurs effets personnels.

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