J'ai dû
m'abriter sous un porche pour attendre la fin de l'orage. (Je lui racontais
une histoire pour la distraire de l'atterrissage). Je m'en souviens
pour y avoir rencontré un "ennemi". Lorsque nous étions
écoliers, nous formions des bandes et nous nous querellions au
lance-pierres que nous fabriquions au moyen de vieilles chambres à
air. Nous construisions des cabanes dans les arbres, dressions des mâts
et hissions des drapeaux. Nous faisions aussi l'école buissonnière
de temps à autres.
- Vous vous êtes battus ce jour-là ?
- Non, nous nous sommes tendus la main, réconciliés. C'est
dans le ciel tragique et les éclairs, le tonnerre et la foudre
que naquit notre amitié.
- Et vous êtes restés amis ?
- Au Congo, oui, mais après mon départ, je n'ai plus eu
de ses nouvelles. Je l'ai rencontré une fois à Bruxelles,
par hasard dans un tram.
L'avion
se cabra légèrement, puis toucha le sol. Les lumières
s'éteignirent quelques secondes. Notre vol se termina par un
long applaudissement des passagers.
- Michel,
tu me raconteras encore tes histoires d'enfant ?
- Nous sommes arrivés, Isabelle. Notre rencontre entre dans le
domaine des souvenirs. Nous devons poursuivre notre voyage. Nous devons
vivre nos vies qui, je le crains, se séparent ici.
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