C’est à Stanleyville que Madeleine rencontre
Margossian.
Ce personnage haut en couleurs, digne d’un roman de
Kessel, comptera énormément dans la vie de Christian.
Arménien, polyglotte mais analphabète, c’est
un entrepreneur dans l’âme qui s’est construit
petit à petit un empire à Stanleyville à
force d’un travail acharné.
Il avait gagné ses premiers francs en transformant
des fûts de 200 litres en malles de voyage.
Il avait ensuite créé une société
de transport, puis deux autres, acheté deux plantations
de café. Il vend des remorqueurs, grues et bulldozers,
construit des immeubles…
C’est une figure emblématique à Stan,
un excentrique qui n’hésite pas à faire
importer spécialement du Perrier d’Europe car
il ne boit que cela, et qu’on surnomme «Libobi»
(Baron Cigare) car il fait venir ses éternels cigares
du Ruanda.
C’est un homme généreux qui pratique la
politique de la table ouverte : les courses du week-end s’achètent
par caisses entières.
La relation entre Madeleine et Margossian durera trois ans,
la mère de Christian assurant aussi son administration
puisqu’il ne sait pas écrire. Pendant ces années,
Margossian se soucie fort de l’éducation du garçonnet.
Il va jusqu’à signer ses bulletins, lui faire
faire des pompages car il le trouve fluet, et lui imposer
des centaines de pages de punitions pour lui inculquer les
bonnes manières |