|
|
perou 2004. Voir les photos de ce voyage . |
|
Nous dépassons Ollantaytambo et poursuivons notre route en direction de Quillabamba. Cette ville semble être le bout du monde sur les cartes, et la route rouge, sinueuse cède le pas au tracé bleu et fin de la rivière mystérieuse, tranquille, puis majestueuse. C’est cette rivière qui s’élargit sans cesse, traverse tout le continent et va se jeter en son embouchure, en des dizaines de kilomètres de large, dans l’Atlantique.… A une trentaine de kilomètres de Quilabamba, à Santa Maria, nous nous arrêtons pour demander notre chemin… Nous prenons la petite route indiquée. Empierrée, rocailleuse par endroits, pleine d’ornières à d’autres, étroite, qui monte vertigineusement vers les nuages, frôlant ça et là quelques petits villages. Il nous faudra quatre heures pour parcourir les trente kilomètres et arriver, enfin, à ce petit village de l’autre côte de la vallée, que l’on apercevait, à peine, entre quelques nuages. Une église, pas de Plazza de Armas, quelques échopes, et un seul hôtel… pas de choix….Quelques chambres, on ne peut plus rudimentaires, donnent les unes sur les autres. Un interrupteur pend au beau milieu de notre local… Oublions la salle de bains et contentons nous d’un lavabo dans le W.C collectif….. ! L’électricité arrive à 19 heures. Mais l’important est ce qui va suivre et qui devrait vous donner envier de partir ou repartir au Pérou........ On avait appris, quelques jours auparavant et par hasard, que de ce village, Santa Teresa, on pouvait rejoindre Macchu Picchu, autrement. Autrement ! Autrement ? Nous partons de bonne heure et remontons par un petit sentier la vallée qui suit l’Urubamba. Nous marchons pendant près de deux heures en longeant l’eau, parfois de près, parfois de plus loin, dépassons un village, une bananeraie… quelques poulets chétifs qui picorent ça et là…. Nous arriverons, comme prévu, au lieu de passage de la rivière… Comme sur le Chemin de l’Inca, un câble d’acier, sans haubans, tendu, véhicule un chariot où l’on s’assied, un simple chariot suspendu par deux roulettes. A la force des bras il faut se haler sur l’autre rive. Un cordage se dévidant par l’arrière permet au suivant de rappeler la nacelle. Le passage effectué, nous attendons le camion qui fera cinq kilomètres jusqu’à la dernière gare de la ligne du Macchu Picchu. Le camion emprunte le tronçon de route qui subsiste. Le trajet est gratuit… Le gouvernement a mis ce camion à la disposition des autochtones après le désastreux passage de « el Nino » en 1997. C’est ce typhon qui a endommagé une partie de la ligne de chemin de fer, dans la vallée. Nous arrivons à la station hydroélectrique, terminus de la ligne… A quatre heures précises, le train, dit des « campesinos », nous conduit à Aguas Calientes, à la porte de ce site mondialement connu, découvert en 1911 par Hiram Bingham, site classé patrimoine mondial de l’humanité : Macchu Picchu. Nous retournerons le lendemain par le même chemin pour récupérer notre véhicule de location, resté au village. Cette approche du Macchu Picchu nous a permis de nous mesurer un peu à cet inconnu qui reste encore à découvrir. En marchant sur le ballast de la voie ferrée nous nous demandions si nous arriverions…si de méchants bandits n’allaient pas surgir des fourrés…Etions-nous des Tartarin de Tarascon… ? De nombreuses informations et conseils nous avaient effrayés avant notre départ. Que ce soit dans les guides, ou sur Internet, nous trouvions des propos pouvant laisser croire que le Pérou était resté un pays dangereux et que « Les Sentiers Lumineux », par exemple, pouvaient encore y opérer. Sans avoir parcouru ce pays de fond en comble, nous y avons conduit notre véhicule de location, sur près de 4000 kilomètres, sur des chemins décrits comme impraticables et n’étant pas censé exister, puisque non renseignés dans les guides. Partout dans les villes, les villages et les campagnes, nous avons trouvé un accueil chaleureux et des sourires d’enfants radieux :. Retourner dans ce pays après une aussi longue absence, de près de quinze ans, et découvrir que rien n’y a vraiment changé…est un peu décevant. La même pauvreté générale, la même pauvreté souriante dans les petits villages, les mêmes paysages merveilleux, parmi les plus beaux du monde, les mêmes marchés locaux, mais avec un peu moins d’habits traditionnels qu’autrefois. Les routes de ce pays sont parmi les plus belles du monde, sinueuses et poussiéreuses, vertigineuses, se faufilant entre montagnes et ciel, passant de versants en versants par des vallées toujours plus hautes, dépassant bien souvent les 5000 mètres d’altitude, là où la glace reste présente toute l’année. Elles serpentent en lacets serrés, laissant des dizaines de traces de meurtrissures sur le flan des montagnes. Lacets serrés, comptés du bout des doigts, quel plaisir j’ai eu à vous parcourir ! A chaque virage la route s’en va plus loin, puis revient, après s’être cachée dans un creux invisible, pour grimper bien plus haut encore. De minuscules camions se traînent lentement, plaqués sur la montagne comme des timbres sur une lettre. Je n’en ai vu de plus merveilleusement déposées sur le toit du monde que dans le nord de l’Inde, mais, cette fois-ci, j’étais au volant, radieux, m’escrimant, négociant les bosses et les fosses… Colibri de Nazca, aux ailes frangées, étudié par Maria Reiche Il n’y a pas que ces sites célèbres qui m’ont émerveillé… Cet élevage de poulets, le long de la côte, où cent mille « pollos a la plancha » s’entassent sur quelques mètres carrés ; Il y a ces petits souffles rauques, des flûtes de Pan qui se répondent, et vibrent encore dans mes entrailles… « écoute, gringa, el condor pasa… » « écoute, el condor pasa : los gringos font à manger, la fiesta con pisco y pollo ! Combien sommes-nous ? Mi marido, y los chicos, et les cousins, les tantes, les oncles, la grand-mère, les voisins…» |