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          La 
          plupart des gens n'ont rien à dire, rien d'intéressant 
          du moins. Ils ont cessé de chercher. Plus aucun soleil ne les 
          éclaire, ne les dévore. Mais, quand on cesse de chercher, 
          que reste-t-il ? 
          - Que cherches-tu, Michel ? Crois-tu vraiment qu'il y ait quelque chose 
          à chercher dans cet univers tourmenté ? Je me fais l'avocat 
          du diable; je te dirai après ce que je pense. Que recherches-tu 
          ? 
          - C'est probablement là une des questions à laquelle aucun 
          être ne peut répondre. Nous passons tous à chaque 
          instant au travers de ce que nous cherchons, sans nous en rendre compte. 
          Je cherche ce qui pousse la vie vers l'éternité, ce qui 
          agite ma conscience. Je me demande pourquoi je suis ici en cet instant 
          plutôt qu'ailleurs. Ce qui nous entoure est tellement confus, 
          tellement inarticulé. 
          L'univers est si vaste et l'intelligence, infirme face à cet 
          univers qui nous serre dans ses poings. Il me vient parfois à 
          l'esprit l'image d'un solide garçon qui tient dans ses mains 
          un oisillon venant de naître. Il risque de l'étouffer. 
          Nous sommes tous cet être chétif que la vie étreint. 
          Même quand nous nous sentons forts. 
          - Mais, Michel, la vie est belle et vaut la peine d'être vécue. 
          Elle vaut la peine que l'on se batte pour elle. 
          - Oui, peut-être, mais j'ai vu la misère dans les slams 
          de Bombay, la faim peinte sur des visages d'enfants. Cela m'a touché 
          profondément. Je me rappelle une scène de Bombay : une 
          jeune femme allaitait son enfant. Elle était couchée sur 
          le trottoir, à moitié dévêtue. Des mouches 
          recouvraient ses seins flasques. Deux moignons lui tenaient lieu de 
          bras.  
           
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