Tandis qu'elle me posait
cette question, je pus apercevoir un sourire sur ses lèvres.
- Je t'aime, lui répétai-je. Aimer fort, c'est
aimer moins qu'aimer, tout simplement. Sais-tu cela, Isabelle
?
Elle se rapprocha de moi et m'embrassa sur le front, sur
le nez. Elle prit ma main et la serra très fort et
très longuement dans les siennes, chaudes et palpitantes.
Tremblait-elle ?
- Tu auras oublié tout ce que tu m'as dit ce soir
dès demain, dans l'action.
- Non, dis-je, je ne crois pas. Je sens que ce qui se passe
ce soir est fort, puissant, capable de changer le cours d'une
vie.
- Michel, à combien de filles avant moi as-tu dit
cela ? A combien, dis ?
- Je ne sais pas, Isabelle. Je ne sais plus. Et quand bien
même je l'aurais dit à d'autres avant toi, qui
te dit qu'aujourd'hui ce n'est pas la vérité
? Ce que l'on dit ne devient mensonge que lorsque l'on se
dérobe. Je t'aime Isabelle. Pour être sincère,
je t'aime ce soir, juste un peu plus qu'un peu...
- Un peu plus qu'un peu ! C'est à dire ?
- Un peu plus qu'un peu, c'est plus que pas du tout et c'est
assez pour qu'une rivière devienne un fleuve qui ira
se jeter dans l'océan. Laisse-moi un peu de temps pour
vivre avec plus de conviction ce que je t'ai dit ce soir.
- Michel, au fond, tu ne m'as même pas dit si tu es
marié. Tu pourrais l'être, après tout,
et même avoir des enfants !
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