Nous
étions arrivés à Benghazi et devions
y rester une heure. Isabelle s'était assise sur la
pelouse, au pied d'un arbre.
J'allai chercher un Coca-Cola. Un arabe, aux mouvements
lents, les sortit d'un frigo qui devait avoir rendu l'âme
depuis longtemps. Les bouteilles étaient tièdes,
le prix, exorbitant : deux dollars par bouteille. Autour de
moi, des gens s'exclamaient :
- Combien ? Ca alors ! J'ai fait le tour du monde, mais je
n'ai jamais vu ça.
L'arabe, derrière son comptoir, répondait,
imperturbable :
- Ici, ce n'est pas un Tax Free Shop.
Comme si le fait de ne pas être un Tax Free Shop excusait
ses prix !
Au plafond, un ventilateur d'avant-guerre, brassait lentement
l'air très lourd de ses larges pales.
Je retournai près d'Isabelle et m'assis sur l'herbe
en face d'elle.
- Excuse-moi, c'est tout ce que j'ai trouvé, il est
chaud !
- Merci, Michel. Cela ne fait rien. Tu es gentil. Tu sais,
je ne suis pas si difficile que cela ! Je crois que je pourrais
te suivre sans me plaindre. Je suis plus résistante
que je n'en ai l'air. Tu t'es fait une fausse idée
de moi. Tu me crois, au moins ?
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