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   madagascar ! dédié à hobi de fianarantsoa

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Ethiopia (English translation by Diane Dejaeghere)

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Madagascar,

 

Madagascar !

 

Madagascar, qui est parfois appelée « la grande île », est peuplée de quelque 21 millions d’habitants, pour un pays grand comme presque 20 fois la Belgique (587.000 km² contre 30.000 km²) !   Du nord (Diego-Suares) au sud (Tuléar)  il faut compter près de 2000 km, soit deux fois la hauteur de la France.

 

Un pays comme les autres… mais que penser de toutes ces plantes et animaux endémiques, de ces arbres bouteilles qui font la beauté des paysages, et de ces marsupiaux qui font le bonheur des touristes !

 

Un pays comme les autres… mais que penser de ses traditions qui réhabilitent les morts parmi les vivants, et ramènent plusieurs fois les défunts à la vie, comme nulle part ailleurs !

 

Un pays comme les autres… mais comment décrire la gentillesse de sa population, qui invite à se déplacer dans les plus petits villages en toute sécurité !

 

Un pays comme les autres…  Je pourrais ajouter mille idées semblables qui vous laisseraient penser que Madagascar n’est pas un pays comme les autres !

 

Un pays comme les autres… mais qui va voir sa population passer de 21 millions d’habitants à 54 millions en 2050, si les chiffres des prévisions mondiales sont plus ou moins exacts ; et pourquoi ne le seraient-ils pas ?  Taux de natalité de 35 pour mille habitants, à comparer à 11 pour mille pour l’ensemble de l’Europe. 

 

Voilà une réalité qui mérite réflexion et promet des lendemains très difficiles.

 

J’avais surfé sur Facebook et, avec Hoby, j’avais chatté un peu…  Elle m’avait tout de suite semblé être une interprète qui me permettrait de réaliser sur le pays un article un peu plus authentique.  Et je n’ai pas été déçu de mon choix.  Elle fêtait ses 21 ans, connaissait bien son île, se préparait à enseigner le français à l’université, mais il lui restait deux ans pour achever ses études.  

 

Alors peut-être serait-ce une occasion d’échange entre un Belge et une Malgache.

 

Ce pays, que j’avais appris à connaître un peu, allait se redessiner sous mes yeux au cours de mon périple. 

 

Fianarantsoa, cette ville décrite dans tous les guides de voyages comme étant la tête de pont d’une ligne de chemin de fer, m’intéressait pour l’importance qu’elle avait eue à l’époque du colonialisme. 

 

Morondava aussi, cette cité perdue, face à la mer du Mozambique, retranchée au sud du célèbre parc des Tsingy.  Bello sur Tsirihibina, et Bello sur mer, ces deux petits points noyés dans le sable et l’océan m’invitent à aller de l’avant.  Aller les découvrir, d’autant plus que ces routes, ou chemins, semblaient s’arrêter là, se poursuivre par un simple pointillé…  à l écart de  l’économie et de la vie civilisée!

 

Et, de l’autre côté de « la grande île », sur l’océan Indien, des noms aussi mystérieux m’attiraient… Mananjary, Manakara,  Farafangana, … et puis là ou le pointillé recommence… Vangaindrano, une ville ou un village à la lisière du connu !

 

Pourquoi ces tronçons de routes asphaltées inachevés le long de la côte, à peine reliés à  la dorsale principale, le grand axe routier nord-sud.  A Madagascar on accède à la côte, comme à Morondava, mais on ne la longe pas !  On y accède, comme à Mahajunga, mais on ne va presque pas plus loin le long de la côte ! On arrive à Sambava, pays de la girofle et de la vanille, et après quelques petits parcours asphaltés, on ne va pas beaucoup plus loin non plus !

 

Essayer de comprendre ces tracés qui irriguent le pays comme les veines d’un corps, c’est approcher la réalité du pays.

 

Et, pour me rendre au cœur de mon terrain d’exploration, j’ai le plus simplement du monde loué le véhicule d’un chauffeur de taxi !  Il attendait le client à l’aéroport et, fatigué, je me suis laissé convaincre.  J’aimerais conduire ta cage lui ai-je dit, le plus simplement du monde.

Il m’a dit ok, et j’ai pris le volant ! 

 

Un pays comme les autres ?  A la fin de la course, arrivé à mon petit hôtel, je lui ai proposé 500 euros pour la location de son véhicule pendant un mois, et il m’a dit ok !  J’ai conclu notre « marché », par écrit, sur un quart de feuille de papier…, il a hélé un confrère avant de me souhaiter « bon voyage ». 

 

J’aurai avec ce véhicule, une R4 rafistolée de tous côtés, une « relation particulière » mais aussi beaucoup de déboires !!!  Mais bien plus important, avec ce véhicule, c’est la liberté qu’il m’a offerte ; choix de petits hôtels, arrêts dans les villages ou nul touriste ne s’arrête jamais, promenades sur les ponts ou la terre et l’eau se rejoignent et ou la vie foisonne, de négoce, de pirogues, de bambins, de femmes qui se lavent dans le fleuve, de pêcheurs qui laissent trainer quelques petits filets derrière des pirogues à voile carrée. 

 

J’ai depuis longtemps adopté, chaque fois que je le pouvais, ce mode de transport… la voiture louée sans chauffeur.  Les chauffeurs,  c’est toujours l’enfer, on dort là ou ils vous imposent de dormir, on s’arrête là où ils vous imposent d’arrêter…et, presque toujours, non pas pour l’attrait du lieu mais bien pour le pourboire récolté !  Le thé proposé à une halte par le chauffeur : 2000 à 3000 ariarys… le thé bu  au hasard dans un petit village : 100 à 200 ariarys ! (2600 ariarys égalent un euro).  A Mada, il existe encore de nos jours des pièces qui valent 0,0192 euros !

 

Donc ne comptez jamais sur un chauffeur pour vous faire découvrir l’âme véritable d’un pays…

 

Je me suis arrêté au pied de ces briqueteries, fumantes au soleil levant, alimentées par des garçonnets et des fillettes qui parcourent les rizières, pieds nus, pour escalader les édifices et déposer leurs lourdes charges d’une dizaine de briques à leurs sommets…

 

Je me suis arrêté face à ces centaines de sacs de charbon de bois, proposés le long de la route aux camionneurs, non loin des cheminées encore fumantes… La déforestation… un des plus grands drames pour ce pays !  Mais comment faire quand on n’a pas de quoi s’acheter du gaz ou gasoil ?

 

Je me suis mis à parler à ces femmes transportant sur leur tête un poisson, un peu plus gros que d’habitude, fraîchement sorti de l’eau et qui représentait la seule recette de leur journée …

 

Je me suis promené sur ces marchés parfois opulents mais le plus souvent d’une pauvreté désolante…  quelques tas de trois petites tomates, une poignée de piments verts, une corde tressée de tabac séché, quelques poissons, parfois proposés par des femmes aux seins généreux, allaitant leur enfant, mais le plus souvent par des fillettes de huit à dix ans.

 

Y a-t-il, dans ce pays, des déterrements ?  Y a-t-il, dans ce pays, des lémuriens que l’on vient observer à la jumelle ou qui viennent manger dans votre main quand un guide vous accompagne ?  Y a-t-il des Vahazas, qui parcourent les plages en Quad, attentifs aux filles qui les attendent dans les dernières ombres du soir sous les  cocotiers ?  Y a-t-il dans le cœur de ces filles un désir de mieux vivre, et de vivre ailleurs dans un pays qui délivre quelque espoir ?

 

Oui, mais il y a ce pays, confiné dans « la grande île », et qui va voir sa population multipliée par deux et demi, ou presque, ou voire plus, et le territoire qui ne grandira très certainement pas. Le revenu par habitant qui n’est aujourd’hui que de 900 US dollars par an pour un revenu belge équivalent à 36600 US dollars… soit 40 fois plus !  Je pense que la différence est même beaucoup plus importante, car comment quantifier l’inquantifiable.  Et l’éducation, et les médicaments, et la sécurité sociale… tout cela est-il vraiment quantifiable ?

 

Je me suis promené, avec Hoby, sur les plages de Manakara et de Farafangana.  J’ai parlé aux jeunes et aux plus vieux…, tous étaient curieux et avides de savoir ce qui allait se passer dans ce pays qu’ils aimaient tant…  Ils m’interrogeaient !

 

Je me suis hissé, sur la pointe des pieds, jusque dans tes montagnes, par les routes et les pistes, faites de cailloux et de trous, là où presque aucun véhicule ne passe, à Mandritsara, où j’ai dormi pour deux euros dans une chambre sans eau ni électricité.  Mais quel plaisir d’aller encore un peu plus loin, dans le petit village où mon guide retrouvait sa famille, et d’où j’ai ramené un pilon…

 

Je me suis enlisé dans les bancs de sable entre Tuléar et Fort Dauphin, et les enfants poussaient alors notre véhicule. J’avais été à la banque chercher des liasses de billets de 100 ariarys, prévoyant ce qui risquait de se passer…

 

J’ai fondu dans ta chaleur, Mahajunga, en plein été… et j’ai rencontré cette fille qui m’a expliqué toute la filière du commerce de la friperie, ces balles de vêtements qui arrivent d’Europe et sont revendus à la pièce…  Parfois on y fait des affaires : 0,5 euros pour un chemisier de marque à peine porté !

 

Je me suis embourbé jusqu’au bas des portes de ma Suzuki, sur la route qui va de Ambilobé à Vohémar.  J’enfonçais mon véhicule dans les profondes mares ne sachant jamais si j’allais en sortir, mais je savais que d’autres véhicules arriveraient et m’aideraient pour pouvoir passer à leur tour…

 

Ne voulant plus revivre ce que certains qualifieraient d’enfer mais qui m’avait amené tant de plaisir et d’émotion, j’ai mis ma voiture sur un petit bateau de transport d’Antalaha à Tamatave…  Il est tombé en difficulté en pleine mer… Presque 24 heures pour faire 300 km de cabotage !

 

Et que dire de Tamatave, cet espèce de Far West malgache, ville parcourue par d’imposantes quatre fois quatre, conduites par des Canadiens ou des Chinois venus conquérir les minerais cachés dans le sous-sol… Développement économique ?  Mais qui profite à qui ?

 

On m’a aussi parlé, près de Fianarantsoa, du « sable noir » !!!  Je n’en avais jamais entendu parler… de cette substance qui, alliée à certains métaux, le rend dix fois plus solide ou performant….  

 

Mais il y a aussi Vavaténina et Andapa, deux villes fantômes, qui ne mènent, que par des chemins parcourus par des zébus vers des contrées encore plus mystérieuses….

 

Et, ces deux îles, Nosi bé et Sainte-Marie, coiffant presque la « grande île » et qui sont le refuge des Vahazas et des touristes endimanchés… En avez-vous entendu parler ?   Rien que des aubergistes qui exploitent les autochtones ?  Je dirais bien que c’est ainsi : le colonialisme n’est pas tout à fait mort … là où il y a moyen de gagner de l’argent… mais le tourisme continuera-t-il à se développer ?  Ce que j’ai pu constater, c’est que dans ces deux îles touristiques les prix se sont multipliés par trois !

 

Malgré la crise politique qui dure depuis plus de trois ans…

Malgré la crise mondiale qui ralentit les voyages aux antipodes…

Malgré le repli des touristes sur les zones européennes aux prix plus abordables…

 

A Madagascar, il n’y a pas de voitures privées appartenant à Monsieur Tout le Monde !   Rien que des quatre fois quatre conduites par des négociants, oui mais lesquels ?  Des Vahazas (ex Européens), des Karans (ex Indiens)… ou des Chinois demain (ou déjà aujourd’hui)!

 

Que dire de cette ville qui s’est spécialisée dans la marqueterie et qui reproduit les couvertures des albums de Tintin avec beaucoup d’ingéniosité et d’originalité… à savoir Ambositra.

 

Que dire de ces petits bungalows qui ont poussé sur la côte comme des champignons composés d’une pièce avec un lit sommaire, d’une douche le plus souvent à eau uniquement froide et au pommeau mal orientable, et d’un wc jeté dans un coin et dont la chasse n’arrête pas de couler…  Ou cette chambre rudimentaire jetée le long d’un je ne sais où, mais qui permet de passer la nuit pour pas plus de deux ou trois euros et où, le matin, on se voit offrir un seau d’eau tiède compris dans le prix …

 

Ce qui m’attire dans le voyage, plus que tout, c’est de « réaliser » mon voyage au jour le jour… C’est de découvrir ce que nul guide « papier » n’invite à découvrir…  Les guides, que j’emporte avec moi, me servent à éviter tout ce qu’ils proposent !  Les hôtels, par exemple, dont la qualité devient souvent médiocre dés qu’ils sont répertoriés…

 

Je vais à Madagascar non plus pour y visiter mais, en quelque sorte, pour y vivre !

 

Peut-on aller voir un pays simplement pour y respirer, et se laisser guider ?  

 

Acheter mon poisson et mes légumes au marché ; les faire fristouiller au feu de bois devant un petit bungalow, qui fait de préférence face à l’océan,  à 9 euros la nuitée ; me lever très tôt et ne pas savoir où je serai le lendemain…  le long d’une grand route ou dans un petit village…

 

A quoi servent tous ces larbins qui vous montrent le chemin ?  Le chemin, j’ai appris à le découvrir moi-même, de station en station.  Ne faut-il pas être dans le voyage comme il faudrait être dans la vie ?  Toujours à la découverte.  Et découvrir, ce n’est pas suivre !

 

Un mot me revient, un simple mot de je ne sais plus  de qui… « Autrement » !

Regarder le monde autrement, sitôt qu’on s’est installé et avant qu’on se soit confortablement installé, vouloir déménager à tout prix…

 

Méditez et essayez de bien comprendre ce que « autrement » signifie !

 

Découvrir, c’est faire un pas sur le chemin, puis un autre, puis un autre.  Sans savoir nécessairement où l’on va, mais savoir avec intelligence où l’on est !

 

Le plus long des voyages ne commence t il par une premier pas ?

 

Je te remercie, Hoby, de m’avoir aidé à découvrir ton pays.  Avec honnêteté et intelligence et en essayant de comprendre qui je suis et comment et pourquoi je suis si différent de toi.  Je t’ai découverte avide de comprendre et d’apprendre.  Et c’est aussi dans le silence, entre nos mots, que j’ai un peu mieux deviné l’âme du peuple malgache.

 

En fait, je ne suis qu’un Vahaza, mais j’aimerais que tu ne me classes pas dans la catégorie des Vahazas comme tous les autres !

 

Merci pour cet extraordinaire voyage d’ouest en est…

 

Mais…  au centre de moi-même !

 

 

 

Christian de Bray

Juin 2012