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Le canal des Pangalanes.

 

Masomeloka est situé à 54 kilomètres de Mahanoro sur la côte est de Madagascar.  On part à 10h00 et on arrive à 15h00.  Non pas  que la route soit vraiment très mauvaise mais quand même… elle s’interrompt par deux fois et il faut attendre le bac.  Le premier est hâlé.  Corde et force des bras font avancer l’embarcation à travers le courant légèrement houleux.  Quant au second, il n’a plus de carburant et une pirogue vient à notre rencontre pour recueillir le précieux liquide !

 

Dans le petit village de Masomeloka il n’y a que deux hôtels...  Je suis au  Madinah,  composé de quatre petits bungalows aux toits très pentus.  A l’intérieur, un lit surplombé d’une moustiquaire « royale » réconforte l’esprit.  Un lit, et un petit tabouret chétif !    Pas de table, ni de chaise.  Confort assez rudimentaire, mais tout y est très propre quand même.  Le WC  et la douche sont de l’autre côté de la rue et les portes ferment très mal ! 

 

La propriétaire de l’hôtel est l’épicière du village.  Pétrole, gros sel, sucre concassé, sont vendus en vrac ainsi que diverses conserves bon marché.  Sur une planche rien que des boîtes de sardines, même couleur, bien rangées, sur l’autre des paquets de boîtes d’allumettes… N’aller pas imaginer beaucoup de diversité ni de choix !   Les emballages sont des plus écologiques.  Le sucre et le sel, par exemple, sont enveloppés dans des cornets confectionnés en feuilles de bananiers préalablement découpées en « feuillets »  bien rectangulaires, la nervure centrale ayant été ôtée.  Le pétrole, qui sert aux lampes des plus riches et à allumer le charbon de bois des plus pauvres, est acheté dans des « petites » bouteilles de récupération en plastique ou dans des « vieilles » bouteilles à Coca-Cola.  Quelle n’est pas ma surprise de voir des petites clientes n’arrivant même pas à la hauteur du comptoir venir en  chercher juste un fond de bouteille.  Parfois à peine deux ou trois centimètres ! 

 

Une jeune fille de 13 ans, orpheline, aide la propriétaire.  Elle travaille pour un salaire de mille ariéry par mois… ce qui fait quatre euros !  Je considère à première vue qu’elle est exploitée.  Maya qui m’accompagne, et me sert parfois d’interprète, me fait remarquer qu’elle est bien chanceuse car, sans ce travail, elle errerait, oisive, dans le village !

 

Tous les commerces du village sont approvisionnés par voie fluviale.  Un long canal naturel sépare la côte de l’intérieur du pays.  C’est le canal des Pangalanes, très pittoresque, que les touristes viennent visiter en pirogue.  Mais ce canal sert de moyen de communication et permet le commerce dans tout l’extrême est du pays. 

 

La route qui longe la côte est impraticable pendant toute la saison des pluies. Les grandes flaques d’eau et les ornières, ainsi que les bancs de sable, font obstacle à toute circulation.  Pendant la demi-journée qu’il nous faudra pour arriver au village, nous ne croiserons qu’un seul véhicule. Pas de bus, pas de camions, mais quand même quelques motos y circulent ainsi que de nombreux vélos.

 

Des négociants, à moto, vont de village en village, en prospection  pour essayer de dénicher des récoltes de café, de girofle, de vanille ou des stocks de poissons séchés qui seront acheminés vers la ville en petits bateaux à moteur.

 

A Masomeloka inutile de souligner que, malgré les lampes qui pendent de ci de là,

il n’y a ni eau courante, ni électricité.  On trouve quelques pompes communes mais la plus grande partie de la population prélève l’eau dans le canal. Une des particularités de ce canal, jouxtant l’océan, est que l’eau y est douce et gratuite. 

 

En Inde, presque à la même latitude, dans le Kerala, un long canal intérieur parcourt  aussi le pays du nord au sud sur plusieurs centaines de kilomètres.  Est-ce une coïncidence ?

 

Dans les champs à proximité des villages, et dans la campagne, beaucoup de très jeunes enfants travaillent avec leurs parents.  L’école est considérée comme superflue, et pendant les récoltes, l’école est tout simplement désertée.

 

Difficile d’attribuer un âge aux  personnes que je croise.  Une personne me dit qu’elle ne connaît pas son age !  Mais elle s’attribue quand même « à peu près »  80 ans…  Deux jeunes fillettes, aux poitrines biens formées, me disent n’avoir que dix ans…  Maya traduit mes questions car, dans les villages, on ne parle presque jamais le français.  Et c’est vraiment très intéressant de pouvoir interroger les gens que je croise.  Maya a beaucoup de charme, un visage très rond, des lèvres charnues… et elle est toujours très bien accueillie par la population.

 

Beaucoup de fillettes torsadent leurs cheveux et en font deux macarons qui tiennent, on se demande comment, en équilibre de part et d’autre de leur crâne.  Quand ces macarons sont biens noués, d’un cordon coloré, on peut penser que ces enfants sortent d’un livre d’images.

 

Dans les villages, surtout, mais un peu partout, la population me regarde comme si j’étais un extra-terrestre.  Il y a peut-être longtemps qu’un touriste ne s’était plus attardé à Masomeloka !  Au détour des ruelles aussi, parfois, des petits enfants filent en hurlant… Dans les familles on raconte, encore aujourd’hui, des histoires d’étrangers biens méchants qui tuent et mangent le foie et le cœur des enfants…  Cela fait  penser à nos histoires d’ogres et de loups.  De ces histoires aux nôtres n’y a-t-il pas qu’un pas ?

 

Si je suis parvenu jusque là, c’est grâce à une doctoresse travaillant pout le ministère de la santé publique, qui passait dans une majestueuse 4X4 siglée « Coopération Franco-Malgache ».  Cette doctoresse qui a « croisé » notre chemin a été une aubaine car, avec ma petite voiture japonaise de location, je n’aurais pu aller beaucoup plus loin…  La doctoresse m’explique qu’elle a mené de nombreuses campagnes de vaccination dans le pays, passé de très nombreuses années au contrôle de la santé publique et principalement à l’inspection des hôpitaux et dispensaires…  En bref, quoi, elle connaît bien son pays.  Les hôpitaux sont démunis de tout équipement et de presque tous médicaments.

 

Combien de temps faudra-t-il à ce petit village de Masomeloka pour qu’il se hisse au niveau moyen de développement du pays… ?   Qui est déjà fort bas !?

 

A Manahoro, un peu plus loin,  j’achète dix sifflets en plastique pour 2000 ariary (0.75 euro).  Pour six sifflets !  Quelle ne fut pas la surprise de ce petit bambin à qui j’offris cet objet, qu’il regarda pendant quelques instants avec une extrême attention, avant de comprendre de quoi il s’agissait.  Je l’imagine, en pleine nuit, réveillant tous les habitants du village, ou dans quelques années arbitrant un grand match de football.

 

C’est mon quatrième voyage à Madagascar.  Pourquoi tant de voyages dans cette immense île ?  Pour la gentillesse de sa population, à n’en pas douter !  Aussi parce qu’on y parle  français, aussi parce que les routes sont justes comme je les aime, aussi parce que tout  y est sauvage et plein d’imprévus !  Mais dans ce pays, rien ne change vraiment.  Sur les routes, pas plus de voitures ou de touristes qu’avant.  On les y compte à l’heure ou à la journée.  Pourquoi transporterait-on beaucoup de marchandises ?  Les campagnes ne produisent « presque » rien et les gens sont donc sans « pouvoir d’achat ».  Pourquoi les gens voyageraient-ils ? 

Les ouvriers dans les usines, et les employés en général, gagnent de 25 à 30 euros par mois en moyenne (quand ils trouvent du travail !).  Et le carburant coûte à peu près le même prix qu’ici (un euro le litre !).  Donc, avec un mois de salaire, un travailleur ne peut s’acheter que quelque 25 litres de carburant !!!  Les planches sont sciées à la main et le bois de charpente équarri à la hache ou à la machette.

 

L’économie tourne très lentement. L’industrie est inexistante et le tourisme se concentre dans quelques zones très restreintes où il y a lémuriens ou poissons exotiques.