Christian de Bray fait partie d'une nouvelle
génération de voyageurs qui refusent les sentiers battus.
Il est chef de division à GB-INNO-BM où il s'occupe de la
valorisation du patrimoine immobilier de la société.
Toute la semaine, il vit dans les chiffres et le commerce.Son
grand hobby, sa passion : les voyages.
Et quels voyages !
Q : Comment vous est venu le goût
du voyage ?
Quand j'étais étudiant, j'ai commencé à voyager
seul, sac au dos.J'ai visité ainsi les Etats-Unis, les Indes
et le Canada. Il y a une quinzaine d'années, je suis parti
au Pérou en " groupe autogéré ", avec des gens que
je ne connaissais ni d'Eve, ni d'Adam.J'avais répondu à une
petite annonce qui faisait appel à des candidats pour un voyage
en groupe autogéré.Mes compagnons de voyage sont très vite
devenus des amis avec qui nous avons organisé, chaque année,
un autre voyage hors du commun.J'ai, de cette manière, découvert
l'Afrique, l'Amérique du Sud et l'Asie.
Q : En fait, comment voyagez-vous
?
Chaque fois, il s'agit d'un voyage de conception
complètement différente.Suivant les cas, nous optons, soit
pour un périple sac au dos, par les moyens de transports locaux,
soit nous partons avec nos propres véhicules tout terrain.Nos
destinations de prédilection ont toujours été des régions
peu fréquentées par les touristes, comme le pays Dogon au
Mali, l'Aïr au Niger, le Zanskar en Inde, la vallée de la
Hunza au Pakistan, le lac Titicaca au Pérou ou en Bolivie.La
formule de ces expéditions est l'autogestion.Cela veut dire
que chacun retrousse ses manches et met la main à la pâte.Au
Pérou, par exemple, nous avons, enquittant Cuzco, pris le
train appelé train des Campésinos.C'est le train que prennent
les paysans à l'aube, pour aller aux champs.Nous sommes descendus
à une cinquantaine de kilomètres du Machu Pichu et, après
un trekking de trois jours, sommes arrivés au site par un
petit matin brumeux.Les touristes n'étaient pas encore arrivés
par le train " air conditionné ".Quelle ne fut pas
notre joie de suivre le " Chemin des Incas " et
de revivre en quelque sorte la découverte de cesite.
Au Zanskar, au nord de l'Inde, nous avons
fait une marche de douze jours avec un guide et des mules.Le
chemin nous hissa à quelque 5300 mètres.Au cours de ce trekking,
nous avons visité le monastère tibétain de Phuktal Gompa.Très
peu de gens ont eu cette chance.
Q : Et vos voyages en camion ?
C'est en 1976 que nous avons fait pour la
première fois un grand raid en Land Rover jusqu'à Nairobi
et retour.24.000 km en 2 mois !Douze pays traversés et non
des moindres.Après d'autres voyages en Land Rover en Mauritanie
et en camion Henschel 12 tonnes au Sénégal, nous avons acheté,
il y a trois ans, deux camions militaires Unimog et nous les
avons offerts à Oxfam pour un projet de développement rural
à Bissau.Nous en avons profité pour découvrir le Hogar en
Algérie et l'Aïr au Niger.Dix-huit personnes ont consacré
de nombreux week-ends pendant près de deux ans à la préparation
de ce voyage.Nous partons à l'aventure et faisons vivre un
projet mais sans prendre de risques inutiles.Tout doit être
préparé jusque dans les moindres détail.Au Sahara particulièrement,
la mécanique, l'eau, les vivres ont beaucoup d'importance.Et
on ne peut guère compter sur les ressources locales.Nous avions
une réserve d'eau de 400 litres, du carburant nous permettant
une autonomie de 1.800 km et une tonne de nourriture en conserve.(Il
est vrai que nous étions 18).Ce genre de voyage nécessite
une grande expérience.Nous l'avons acquise, au cours es années,
sur le terrain.
Q : Pourriez-vous, en quelques mots,
évoquer une image forte d'un de ces voyages ?
Dans un petit voyage de Mauritanie, le long
de la baie des Lévriers, nous avons été invités par un chef
de village à venir prendre le thé par un soir de pleine lune.Les
vagues venaient mourir sur la plage. Il y avait, pour la
circonstance, un petit feu de bois.L'eau potable avait été
amenée, par bateau dans des fûts de 200 litres.Le théa été
servi par trois fois selon la coutume.Il n'y a pas eu beaucoup
d'échanges de paroles mais ce fut pourtant un moment intense.
Q : Et vos projets aujourd'hui ?
Mes projets actuels ?Après le Kenya en camion,
la Chine du Sud et des minorités (le Tibet) sac au dos, et
puis, si Dieu me prête vie, le Chili et qui sait, peut-être
un jour le pôle Nord.
Pourquoi je continue à voyager ?Parce que
le voyage m'invite à sortir du quotidien... parce que l'homme
est le fils de l'obstacle... parce que de tels voyages sont
des défis perpétuels.Et je voudrais terminer cette interview
en citant cette phrase extraite du roman d'Edmonde Charles-Roux
" Oublier Palerme ". " Le voyage n'existe pas,
il n'y a que ceux avec qui l'on part. "
Article dans Exclusivity magazine
© Christian de Bray
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