Etant gamin,
je suis devenu très vite philatéliste.
J’alignais les timbres.
Je me souviens de ces timbres de «Magyar
Posta » qui représentaient souvent
cavaliers fuyant vers la liberté, un sabre
à la main, femmes fauchant les champs,
ou forgerons frappant l’enclume.
Déjà en 1956, ta
population se révoltait pour essayer d’échapper
à l’oppression communiste. Déjà
bien avant le Printemps de Prague tu donnais l’exemple
et te révoltais pour aller vers la liberté.
Aujourd’hui tu es entrée
dans la Communauté Européenne.Félicitations
!
A te visiter, on dirait que tu y es déjà
installée depuis la nuit des temps.
Certaines de tes façades gardent encore
les traces des oppresseurs, mais après
le chemin que tu as dû parcourir, je te
classe parmi une des toute belles capitales du
monde.
Tes moyens de transport sont
modernes et d’une propreté exemplaire.
Ton métro est semblable au nôtre
si ce n’est qu’en quatre jours je
n’y ai
croisé que quatre africains…
Pas un papier dans les rues. Certaines de nos
agglomérations auraient leçons à
prendre !
Peut-être manque-t-il un
peu de couleurs dans les vêtements de tes
jeunes filles, qui se promènent, souvent
deux par deux, pantalon taille très très
très basse, poitrine encore coincée
dans un soutien gorge « de l’armée
polonaise », ce qui rend les formes comme
coulées dans le même moule…
Beaucoup de tes jeunes filles ont un look très
à la mode et face à ton parlement
on pourrait sans peine s’imaginer à
Londres.
Fini les Trabans grises et vive
les voitures modernes et colorées, Saab,
BMW ou Renault…
Ton effort, tu l’as fait bien avant d’entrer
dans la Communauté!
Une langue de plus pour les traducteurs, sabir
dont nous ne comprenons pas le moindre mot.
Sans l’anglais ou un peu d’allemand,
le gestuel est de la partie…
Buda-Pest, belle ville, le Danube coule tranquillement
entre tes berges biens aménagées.
Tes rues du centre historique, rénovées
avec soin, permettraient d’y tourner un
film des années 1900 sans y apporter la
moindre correction.
Tes façades soignées ne souffrent
aucune trace d’un câble quelconque
sur les façades et tes toits d’antennes
peu gracieuses.
Aujourd’hui, 20 août,
fête nationale. Elle a commencé la
veille avec un grand concert sur une « île
flottante » sur le Danube.
Sur deux à trois kilomètres de berges
haut-parleurs et écrans géants amplifient
le spectacle. Puis un meeting aérien affiche
dans le ciel quelques vieux avions, un DC3, quelques
biplans…un vieux Dakota reluisant de toute
sa carlinque…
Tour le peuple regarde vers le
ciel au comble du bonheur, en applaudissant parfois
quand les avions passent sous le pont.
La journée s’achève
par un majestueux feu d’artifice qui semble
défier l’équilibre des étoiles
et du ciel.
Dans les couleur du drapeau hongrois le ciel s’embrase…les
boules de lumière de déploient en
silence, éclatent et explosent.
Peut-être est-ce pour donner relief à
la liberté.
Toute cette lumière monte dans le ciel
comme un hymne…
On nous à dit que près
de cinq cent mille personnes étaient ce
soir là le long du Danube…
Que pensera-t-on plus tard, en
l'an 3000 par exemple, de ce bref espace d’histoire
communiste, quand on requalifiera ton histoire
?
Buda-Pest, en marchant dans tes
rues, dans le soleil ou sous la pluie, je me disais
que tu étais sortie de l'ornière.
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