Christian de Bray

 
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Namibie insolite ...pour baroudeurs en quête d'aventure

Après le Kenya, la Tanzanie et le Zimbabwe, je m'étais avancé, tout un été, jusque sur les rivages de l'Okavango au Botswana. J'avais, sur la carte Michelin, dessiné du doigt la Namibie et, dans des livres d'images, beaucoup rêvé de ce pays aux contours incertains, imprécis et si lointain que jamais personne n'en était revenu pour me la raconter. La Namibie, quel éblouissement! Oserais-je dire, après quelque 100 pays visités, le plus beau pays du monde? Oserais-je, par ce bref article, tenter ceux qui ont l'amour des vastes étendues, sauvages, désertiques, inviolées? …

L'ancien Sud-Ouest africain, devenu, il y a 7 ans, la République de Namibie, est formé d'une plaine côtière désertique (le désert du Namib) et d'un haut plateau relativement bien arrosé où se situe Windhoek, la capitale.

Très peu peuplé (2hab./km²), le pays compte 1.580.000 Namibiens, en majorité des Bantous dominés par le groupe des Ovambos et une petite majorité blanche. Ils s'adonnent à l'élevage et à la pêche. Le diamant et l'uranium assurent l'essentiel des exportations. En Namibie, les langues officielles sont l'anglais, l'afrikaans, mais l'allemand, vestige de l'époque coloniale, y est encore pratiqué.

"J'ai parcouru plus de 20.000 km dans mes camions bâchés, cent fois dressé les tentes et bivouaqué dans les sites les plus grandioses…"

Le voyage débute dans une taverne bien bruxelloise où l'odeur de la Belga est rapidement balayée par le sirocco brûlant du narrateur, Christian de Bray, ce passioné de voyages, nous raconte, ses moments les plus intenses en Namibie, auprès de populations vivant à l'âge du bronze dans des paysages fascinants et inexplorés.

"J'ai parcouru 20.000 km du nord au sud et d'est en ouest. En camions 4x4, bâchés. Le tout sous un soleil permanent, durant tout l'hiver (mai, juin, juillet, août, septembre), à une température printanière de 18 à 20°c. L'expédition, rééditée trois fois, représente mes plus grands moments de rencontre, d'hommes ou d'animaux … et de découvertes de paysages extraordinaires.

Trois étés! Six mois de routes asphaltées et de pistes défoncées, de parcs (Etosha), de réserves naturelles (Naukluft), de capitales (Windhoek) et de petits villages. Six mois de plages océanes et de régions inondées de sécheresse (pas une seule goutte de pluie), de grandes rencontres avec les animaux les plus variés.

Cent fois, j'ai contemplé le coucher de soleil embrassant, comme nulle part ailleurs, le ciel sur un horizon de terre ou de mer. Les rhinocéros qui font, au petit matin, leurs ablutions dans les mares de l'Etosha, parc presque aussi grand que la Belgique.

Les welwitschias, plantes minérales qui dans un pays passionnant, vieux comme le monde, mais à l'avenir tout neuf, continuent à croître avec autant d'ingéniosité et d'ardeur qu'à l'aube, de l'humanité…

Les forêts d'aloès, forêts pétrifiées datant de quelque 30 millions d'années, uniques au monde, se découpant dans le paysages rocheux et dont la silhouette est entrée dans l'emblème du pays… et les peintures rupestres (près de Brandberg)…

Les carcasses de bateaux échoués sur l'immensité des plages de l'Angola à l'Afrique du Sud (+ ou – 4.000 km!) ne sont pas sans rappeler les premiers navigateurs accostant ces désert jonchés de hautes dunes inhospitalières… Les ranchs, en bordure du désert, où l'on élève des milliers d'autruches pour leur viande, leur cuir et leurs œufs… La colonie d'otarles (quelque 200.000 individus) se prélassant sous les embruns du Pacific… Mais surtout les nomades, les Himbas, que j'ai rencontré à plusieurs reprises dans le Kaokoland, près de l'Angola … sont autant de découvertes qui m'ont été offertes chaque jour.

En Namibie, faire de chaque journée une grande journée n'est pas difficile. J'ai escaladé les plus hautes dunes (+ ou – 100m)…

J'ai visité la ville fantôme de Kolmanshop, près d'un petit port (Kudevitz) où la vie s'est, un beau jour, et à jamais, arrêtée, quand le diamant vint à manquer. Je suis descendu dans le Fish River Canyon qui n'a de supérieur en beauté que le Grand Canyon du Colorado.

J'ai longé le Kavango et pénétré loin dans cette bande de terre qui sépare le Botswana de la Zambie (Caprivi), ouverte depuis peu au tourisme et qui représente depuis longtemps le réservoir de la population de la Namibie (près de la moitié de la population du pays). Il faut rappeler ici que la Namibie, grande comme huit fois la Belgique, ne compte que + ou – 1,5 million d'habitants (avec seulement huit villes de plus de 20.000 habitants).

J'ai visité peut-être l'un des plus beaux parcs du monde: le Caudoum au nord (accolé au Botswana). Cent fois, je suis resté silencieux et émerveillé devant toutes ces beautés.

Emerveillé également sous des cieux bénis des dieux par leurs myriades d'étoiles. Mais, peut-être, ce qui m'a le plus touché, c'est la gentillesse de la population, qu'elle soit d'origine allemande ou anglaise, blanche ou noire, tournée vers l'avenir ou encore accrochée au passé (comme les Himbas du Kaokoland). Ici, une splendide Himba. Son visage aux traits fins est découpé d'un sourire africain, ses courbes sensuelles, habillées seulement de leur parure turquoise, rouge alizarine et or, lui enserrent le cou, les hanches et les chevilles aristocratiques. Là, des enfants qui jouent en riant. Plus loin, les hommes peints reviennent de la chasse, portant leurs trophées. Tout ce spectacle vous offre le goût d'un paradis retrouvé.

Quand, pour la troisième fois, l'aile de l'avion a glissé sur les derniers lambeaux de terre et de sable, de mer et de brume, à cet instant précis, je me suis encore juré de revenir.

En juillet, mes camions repartiront en conteneurs vers ce pays, à l'écart de toutes les foules tumultueuses, impersonnelles: ce sont les déserts dont l'homme a le plus besoin pour continuer à croire que la nature est belle quand elle n'est pas torturée par l'homme.