Ta route
principale, à l’Ouest du Haut Atlas
et du Toubkal, traverse ton échine du nord
au sud, et de la Méditerranée jusqu’au
flan de la Mauritanie. Elle suit les courbes bleues
de tes côtes, passe à travers les
montagnes ocres et les dunes brunes, dessert sagement
des oasis mystérieuses et des villes: Tanger,
Rabat, Casablanca, Essaouira, Tan-Tan, Tarfaya,
Goulimine, El Aoun, Dakhla, pour se perdre ensuite
dans des paysages de craie, très au sud,
aux abords de la Mauritanie...
Il y a trente ans, cette même
route n’était qu’une piste
de bosses et de fosses, qui passait par le Cap
Bojador et la Baie du Lévrier. Ce désert
s’appelait alors : le Sahara Espagnol.
De petits villages sont devenus
des villes, ouvertes vers l’expansion et
le tourisme.
Quelle différence entre
le Tan-Tan d’hier et celui d’aujourd’hui
!
De nouvelles villes, tracées sur le sable,
enfantent le futur…
Tes enfants exigeants, tes
adolescents turbulents et tes vieillards adorables
sont-ils le gage de ton engagement vers la modernité
?
Et que dire du boire et du
manger si ce n’est un ciel bleu et quelques
nuages !
Au rendez-vous : tes tagines pyramidales et tes
couscous abondants, tes poissons frits, tes brochettes,
et le marché aux dattes…
Dans un de ces petits villages
où toutes les maisons avaient l’air
abandonnées, j’ai demandé
où donc pouvaient bien être les habitants…J’ai
reposé, à maintes reprises, la même
question… pour m’entendre dire ….
« Vous ne connaissez pas Schaerbeek …
? »
Mermoz, de Saint-Exupéry,
et bien d’autres aviateurs, ont survolés
tes sables hostiles au temps où survoler
et se poser à Cap Juby était un
exploit.
Cap Juby, combien de caravelles
as-tu vu passer, pour « faire bois ou eau
» un peu plus loin ? Combien d’esclaves
couverts de sueur ?
C’est au milieu de ce
nulle part qu’un Petit Prince est né.
C’est là, où tant de petits
bergers gardent des troupeaux, qu’il a dit
:
« Dessine-moi un mouton ».
Tant de moutons regardent encore tant petits princes
!
Quel régal, tes pistes
caillouteuses, ou sablonneuses, quand on n’a
pas de 4x4, et qu’à chaque instant
le périple peut s’achever…
Quel régal, ces nuits passées dans
l’immensité du silence…
Quel régal, cette nuit du 31 décembre
qui fait basculer dans l’An Neuf…
Comme si « Un An Neuf » avait quelque
sens…
Et tout ces cailloux, et tout ce silence…
Cet éternel appel des déserts…
Comment dans tout ce silence, qui interpelle,
trouver interprétation ?
Je me suis juré de
retourner dans les sables… de me fondre
dans les méandres de tes confins…de
me laisser abasourdir pas ton silence infini…
Que dire de plus…
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