Un
été à Madagascar...
Christian de Bray est agent immobilier
à Bruxelles et passionné d'aventure.
Tanzanie, Mali, Mexique, Pakistan, Namibie, Espagne,
Inde, Pérou, Etats-unis...
Autant de destinations qui font rêver, autant
de pays que Christian de Bray a visités
en sortant des sentiers battus du tourisme classique.
Un de ses derniers périples l'a mené
à Madagascar. Au volant d'une bonne vieille
Swift première génération
!
Madagascar, à l'est de l'Afrique australe,
est une île dont la surface égale
20 fois la taille de la Belgique. Peu de touristes
passent par ce grand territoire perdu dans l'Océan
Indien. Pourtant, la plongée sous-marine
offre un spectacle époustouflant à
ceux qui aiment les fonds marins.
Madagascar est une ancienne colonie française
devenue indépendante en 1960.
Beaucoup de villes importantes y portent deux
noms: Tananarive devenue Antananarivo, ou Fort-Dauphin,
rebaptisée Taolagnaro.
Une route asphaltée descend de la capitale
vers le sud (Tuléar). Une autre part vers
l'est et le port principal, une antre encore monte
à Majunga, le deuxième grand port
du pays. En dehors de ces 3 axes asphaltés,
Madagascar est le paradis des aventuriers.
Contact !
"Ayant bourlingué un peu partout en
Afrique, je décide de louer une voiture
"normale", sans chauffeur, et de mettre
le cap au sud pour effectuer un triangle d'environ
2.000 kilomètres. Mon choix se porte sur
une Suzuki Swift qui a... disons, de la bouteille.
Qu'à cela ne tienne, elle roule et c'est
le principal.
Les paysages sont splendides, les gens accueillants
et, malgré une grande pauvreté,
je rencontre beaucoup d'enfants au visage souriant.
La descente est facile: route asphaltée,
peu de trafic, villages aux marchés colorés...
Je suis accompagné par une jeune Malgache
que j'ai surnommée "Castor" parce
qu'elle mange des cacahuètes sans arrêt.
Nous pique-niquons face à des paysages
grandioses, comme ces forêts d'arbres "bouteilles"
qui sont les cartes postales du pays. Après
800 km, nous arrivons à Tuléar,
dans la baie de Saint-Augustin, sur le canal du
Mozambique. Nous y restons une journée,
visitons le marché nous baladons dans les
ruelles donnant sur les plages et buvons quelques
délicieux cafés."
L'aventure commence.
"Le jour suivant, nous reprenons la route.
"Route", un grand mot pour ce serpent
où les fondrières succèdent
aux bancs de sable, eux-mêmes suivis par
de profondes ornières creusées par
les roues des camions. Je roule en décalé,
mais parfois un obstacle imprévu m'oblige
à tomber dans les traces des camions.
Par trois fois je m'ensable - sur 400 km, ce
n'est pas beaucoup ! - et à chaque fois,
ma Suzuki Swift parvient à poursuivre sa
route. Il est vrai que ma voiture est haute sur
roues et que je ne suis pas fort chargé.
Le soir, nous logeons dans de petits hôtels
à 4 ou 5 euros la nuit. Ni luxe. ni confort.
Juste des lits qui crissent et des matelas fatigués.
Le matin, nous recevons un peu d'eau tiède
pour nous laver. Deux croûtes de pain plus
tard, nous voilà repartis. Trois jours
après et 400 km plus loin, nous arrivons
enfin à Fort-Dauphin, là où
le soleil se lève sur l'océan Indien.
La vie ici est-elle plus envoûtante qu'ailleurs
? A cet instant, je le pense."
Deux buffles et une corde.
"Il nous reste 250 km à parcourir
en remontant sur Tana. Passera-t-on ? "Pas
de problème", nous dit un Malgache.
"Impossible", nous rétorque un
autre, "mais si vous vous embourbez, avec
deux buffles et une corde, vous vous en sortirez
!"
Nous allons vers le nord et parvenons à
passer. Mais à quelle allure: 10 km/h de
moyenne ! Le lendemain se présente ce qui
sera notre dernier obstacle: un pont emporté
par les flots. Reste une pente, la rivière
et un talus à escalader...
Je me laisse glisser sur la pente, bientôt
l'eau entre dans la voiture. J'essaie de remonter,
une fois, deux fois, trois fois... Je ramasse
quelques branchages et les glisse sous les roues
avec ce qui nous reste d'essuies de cuisine et
des cailloux.
Tout ce que je trouve sous la main y passe...
Une marche arrière et go ! Incroyable Suzuki
Swift qui choisit ce moment pour sortir de la
rivière et grimper le talus. En route pour
la ville, l'aéroport, avec un réservoir
plein de souvenirs inoubliables."
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